Le plus illustre de mes compatriotes auvergnats écrivait : “si tous les hommes savaient ce que disent les uns et les autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde” (Blaise Pascal).
Cela est sans doute vrai, et cela peut justifier que l’on éprouve des réserves envers la personne de Julian Assange, le fondateur de Wikileaks.
C’était mon cas, lorsque je l’ai rencontré pour la première fois dans sa prison à Londres, il y a cinq ans déjà.
Toutefois, travailler ce type de dossier change votre regard sur le Monde : sur la personne, sur son activité, sur l’importance du Droit évidemment, sur les limites de l’indépendance de la Justice, et de la Presse aussi, mais surtout sur l’importance des contacts humains, de l’écoute, de l’analyse, du jugement critique, dans un monde qui devient de plus en plus complexe et virtuel.
Mardi et mercredi, nous avons vécu deux journées d’audience intenses.
La justice anglaise a mis en délibéré sa décision. Elle sera rendue d’ici quelques jours. Positive, elle ouvrira la voie à un autre appel, et le combat continuera. Négative, elle conduira à la saisine de la Cour européenne, et le combat continuera.
Depuis près de cinq ans, tout le cabinet Vey & Associés avec notamment Virginie Lemarié Faure et Guillaume Courvoisier-Clément , participe activement à l’équipe de défense internationale de Julian Assange.
Ce travail nous a permis de parcourir, en équipe, les recoins de ce vaste dossier, de rencontrer des juristes exceptionnels, de divers horizons, de découvrir des faits dont personne n’avait connaissance, et qui paraissent incroyables.
Et il s’avère que nous revenons toujours à la même réalité : Assange est poursuivi au titre de la diffusion d’informations vraies, au titre de son activité de journaliste.
Au fil des années, les débats se sont intensifiés, les arguments et contre-arguments se sont accumulés en d’innombrables pages, tandis que les visites dans des lieux privés d’humanité se multipliaient.
À travers tout cela, une vérité demeure incontestée : l’importance primordiale de l’individu et de ses libertés : liberté de conscience, liberté d’expression, liberté de fonder une famille et de ne pas être soumis à un traitement inéquitable, inhumain et dégradant.
Affaibli, isolé et vulnérable, Julian Assange subit le poids d’une administration et d’un système qui agi sans discernement et qui ne poursuit qu’un seul but : continuer d’assurer le secret de ses actions les plus obscures.
Pour nous, avocats, c’est la dimension humaine de l’affaire Assange qui en fait un sujet d’une importance capitale. Au-delà de sa cause, c’est l’homme, Julian Assange, qui doit rester au centre de notre attention et de notre défense, à mesure que son épreuve se prolonge.